BudoSpirit

Budo Way of Life

Vendredi 11 janvier 2008 à 1:52

La maxime Shin-Gi-Tai évoque les trois éléments qu'il convient de faire progresser pour devenir un bon judoka: l'esprit, la technique et le corps.
Il est bon cependant de revenir au sens des mots originels pour éviter les contresens: ainsi, il est trop limitatif de traduire Tai par corps en pensant "force physique". Le corps en question, c'est le corps travaillé, non seulement en tonicité et en puissance, mais aussi en vitesse, en équilibre, en contrôle des mouvements et des postures.
Gi, c'est la technique, mais la technique incarnée et non celle de la nomenclature; c'est le moyen, aiguisé par d'infinies répétitions, d'exploiter l'opportunité qui s'offre dans l'instant, c'est le travail et l'entrainement plus que le savoir.
Quant à Shin, ce n'est pas une sorte de "troisième cycle" d'apprentissage, une étape finale, c'est avant tout l'esprit de comgat, un mélange de sincérité et de courage, de détermination et de concentration au centre de notre volonté de bien faire. Non pas une vision intellectualisée des choses, mais une façon de les aborder, un mode de comportement qui finit par nous accompagner partout et nous définir.

Inspirés probablement par le fameux dualisme occidental -l'éternelle séparation du corps et de l'esprit- nous ne voyons pas facilement l'originalité particulière de cette forme en triangle, où rien ne s'oppose à rien, où chaque aspect s'alimente des deux autres. Nos interprétations de Shin-Gi-Tai sont conflictuelles. Nous percevons des hiérarchies, des influences prédominantes d'un élément sur les autres en fonction des âges ou des modes d'entrainement; nous ne voyons pas l'essentiel: l'imbrication évidente et nécessaire de ces trois éléments dans la dynamique de progrès. Nous aimons séparer les choses à l'entrainement, pourtant c'est tout notre être qui s'y engage et qui en profite. S'entraîner, c'est effectuer un exercice pour combler une faiblesse dans un domaine particulier, mais c'est aussi se nourrir de cet exercice pour progresser sur tous les autres plans. Comment cela? En gardant l'esprit éveillé, en cherchant l'efficacité par la gestion toujours plus efficace de notre potentiel, quel que soit l'exercice proposé. Développer sa technique et son agilité en randori, faire preuve de concentration et d'endurance pendant les uchi-komis, avoir une constante exigence mentale, technique et physique à la fois, à chaque moment.
Bien sûr, on peut imaginer qu'une dominante puisse compenser les faiblesses des deux autres. Un surcroît d'engagement physique fera passer un geste à la technique limitée, une grande volonté comblera une faiblesse du corps dans un combat, une technique parfaite masquera une médiocre capacité de concentration. Mais ce qui manque devient vite l'essentiel et entraîne la désorganisation de l'ensemble. Le secret? Il est dans l'harmonie.
Il ne s'agit pas de devenir plus fort, plus virtuose, plus déterminé -ce qui est bien- mais plus précis, plus pertinent en chaque chose. Il ne s'agit pas tant d'augmenter mais d'approfondir et de lier l'ensemble. L'esprit calme et centré, la technique de plus en plus précise, le corps réglé comme une horloge: l'entrainement nous a amenés progressivement vers une amélioration générale de nos moyens mentaux, techniques, physiques. L'élaboration toujours plus efficace de ces moyens permet alors d'exploiter les principes naturels, si longtemps cachés derrières nos incapacités. Si fort ou déterminé que je sois, je ne peux prendre cet homme à bras le corps et le jeter au sol. Mais si je sais combiner un déplacement précis qui me décale par rapport au centre de gravité du partenaire, si je sais susciter chez lui un temps de relâchement par un geste, un rythme, si je sais m'engager au moment opportun avec une parfaite précision, alors je deviens capable d'exploiter les principes universels de la mécanique, de la perception sensorielle, de la psychologie....Je peux projeter cet homme et, qui plus est, sans débauche d'énergie physique et mentale. La véritable maîtrise s'installe dans cette pertinence.

Pourquoi lier la maxime Shin-Gi-Tai au grade de ceinture noire? C'est qu'elle indique symboliquement que le pratiquant a fini son apprentissage. Confirmé, il a désormais les moyens d'être son propre instrument: la musique qu'il joue? La musique naturelle du geste exact, de l'utilisation parfaite des forces. Comme tous les vrais artistes, son "oeuvre" paraît simple, car elle est juste. Elle fonctionne ou elle ne fonctionne pas. Comme tous les vrais artistes, l'idéal n'est jamais atteint et le travail sur soi demeure constant -bonheur quotidien de la pratique.

Par magieRaku le Vendredi 11 janvier 2008 à 7:43
ouaip,il ne peu etre defini de temporalité dans la recherche de la perfection ,de la serenité necessaire à l introspection Mais le pratique quotidienne ne peu que nous aider à diminuer les fausses notes,peut etre seulement les plus apparentes au depart.Bref y'a du boulot!
Par desde-mi-paraiso le Vendredi 11 janvier 2008 à 22:42
dédicace à Myrtille : shin gi tai!!! à demain pr les p'tits S2
Par son-kei le Dimanche 13 janvier 2008 à 17:47
Pendant une certaine période de la vie du judoka l'une des valeurs absentes est souvent compensée par les 2 autres plus "évoluées", mais il arrive un stade ou les 3 valeurs doivent être développées pour devenir un bon combattant.
 

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